• Entre sacré et récup', Scorfa expose ses icônes et ses totems

    De son vrai nom Thomas Richard, Scorfa expose jusqu'à jeudi ses icônes et totems dans son atelier

    du quai du Marronnier avec une vue imprenable sur le château et la ville en prime.

    Lillois d'origine, saumurois par son père, flamand par sa mère, gascon de cœur par sa femme, voilà pour les origines. Pour le côté professionnel : « Je suis peintre un peu et sinon prof de biologie à Saint-Louis ». Sculpteur depuis toujours, Scorfa se met à la peinture en 2005. « C'est à ce moment-là que j'ai décidé d'en faire mon métier, pas au sens de gagne-pain, plus dans un état d'esprit, de passe-temps. »

    Quand on parcourt son exposition, les couleurs accrochent l'œil. Vives ou douces, sombres ou claires, la diversité est au rendez-vous jusque dans les supports. Le thème religieux est omniprésent. « Par conviction », mais pas seulement. « Ce choix n'est pas calculé, quoique ! En fait je n'en sais rien. »

    Le mystère s'installe à côté du mystique : « La peinture permet de montrer autre chose de ce que l'on voit, sinon je ferais de la photo. Du coup, le thème religieux devient très intéressant. Je peins ainsi ce que je ne vois pas et certainement ce que j'aurais aimé voir. »

    Pour « donner à voir », Scorfa utilise pour support des matériaux de récupération portant en eux une âme ou une histoire. On découvre pêle-mêle un banc du grand-père, les moules à papier peint du frère, un vieil encadrement de fenêtre d un ancien atelier du peintre et en fond des cartes routières usagées. « C'est ma façon de donner une deuxième vie aux objets. »

    Il utilise aussi de la ferraille afin d'en faire des sculptures souvent aériennes. L'homme avoue un étroit rapport avec le feu et le fer. « C'est une bagarre. Les odeurs de soudure ressemblent à celles de l'hémoglobine. On en ressort noir comme après un combat difficile. »

    Les œuvres de Scorfa se donnent à voir jusqu'au 15 juillet.

    Exposition visible de 15 heures à 19 heures au 10, quai du Marronnier à Saumur ou sur rendez-vous au 06 09 28 03 42.

    Quand le mystère rencontre le mystique

    Saumur, quai du Marronnier, jeudi Le banc du grand-père de Scorfa est devenu une icône à l'effigie du Christ.


    Auteur : LEBREC Bernard
    Date de parution : 10/07/2010

     


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  • EXPOSITION


    L'art-récup, une mécanique bien huilée pour Thomas Richard



    Thomas Richard est un “ assembleur ”. Il sculpte l'espace en offrant une nouvelle vie à la ferraille jetée au rebut.


    L'histoire pourrait commencer par “Tout petit déjà...”. Mais, sans remonter si loin (l'homme a 33 ans), le Saumurois Thomas Richard ose faire partager au public sa passion pour la sculpture depuis 4 ou 5 ans. Dans sa ville natale, Il fut l'un des invités du Musée du moteur (1999 et 2000) avant de s'offrir les vitrines de Pôle Position en octobre et d'être actuellement l'un des artistes présents au 3e Festival de peinture (chapelle Saint-Jean et péristyle Molière). “Je ne sais pas véritablement quand j'ai commencé, dit-il. Tout petit je m'intéressais à la poterie et c'est d'abord la terre que j'ai transformée". Une rencontre décisive avec une femme qui l'a poussé continuer, et le voilà dans le grand bain, lui, le professeur de biologie qui troque par moment scalpel et éprouvettes pour le fer à souder. "Je vois des points communs entre les sciences et l'art. Le principal : le doute, et dans les deux disciplines je recherche la remise en cause, le questionnement. La question est plus importante que la réponse. Voilà pourquoi je ne donne pas de titre à mes travaux". Un titre, des mots... Le vocabulaire est trop réducteur aux yeux de l'artiste qui préfère que chaque spectateur de ses installations y trouve sa propre évocation.

    Ferraille détournée

    Qu'il s'agisse d'un cylindre de suspension de Citroën ou d'une dent de charrue agraire, d'un fer à béton ou d'un pignon d'embrayage, Thomas à l'œil et imagine de suite la place de l'élément rouillé dans l'assemblage qui verra naître sous ses doigts, un personnage imaginaire, sorte de Don-Quichotte saumurois, un frêle échassier ou une gabare futuriste.

    C'est un "art-récup" bien inspiré qu'il laisse contempler en chapelle Saint-Jean actuellement. Un rien provoc sa statue de la Liberté brandissant un pot d'échappement et bardée d'un masque à gaz, interpelle, choque, peut-être, et lance un cri à la surconsommation, à la surproduction : “Provocateur certainement, mais pas moralisateur”.

    Sculpteur scientifique

    Il y a cette bivalence entre Thomas le scientifique et Scorfa - son pseudo d'artiste - le manuel créateur, habité par le doute et l'envie d'échanger des impressions avec le public. “Rien n'est établi. En fait j'espère ne jamais aboutir. Aboutir c'est être vieux et je ne veux pas vieillir”. Jusqu'à dimanche, il est possible de découvrir cette jeunesse, celle d'un autodidacte qui s'est affranchi de l'académisme pour offrir, par cette sorte de Meccano, sa vision du monde nourrie d'une remise en question perpétuelle, comme une blessure qui ne guérit jamais.


    Bruno Jeoffroy, Le Courrier de l'Ouest, vendredi 26 janvier 2001.


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  • PORTRAIT


    Histoires de matières


    Si la gravure est à l'honneur du 3e Festival de peinture, les sculpteurs ont aussi leur place. Avec d'autres artistes, Thomas Richard, dit “Scorfa”, expose dans la chapelle Saint-Jean.


    Sous les voûtes de la magnifique Chapelle Saint-Jean, les sculptures de Thomas Richard contrastent avec la blancheur du tuffeau qui pare les lieux. Profils d'hommes, d'animaux ou représentations abstraites, ses sculptures sont faites d'objets de récupération, d'un métal sombre patiné par les ans.

    Petit déjà, ce jeune artiste saumurois était un "manipulateur d'objets”. Depuis plus de cinq ans, l'artiste touche-à-tout déambule dans les décharges publiques, ferrailleurs et autre poubelles de serruriers en quête de matière première pour réaliser ses sculptures. “Je récupère les pièces qui me parlent et j'assemble. Le plus souvent, c'est la matière qui me donne des idées et qui me conduit à un sujet. Mais parfois c'est l'inverse : je pars d'un croquis, et je cherche les matériaux nécessaires pour le mettre en œuvre.” Thomas Richard se laisse ainsi conter des histoires par les matériaux qu'il croise sur son chemin. Devant un morceau de roue de charrette, il se dit que “ça ferait un chouette pont" et y fait danser deux personnages. Tandis que des tubes creux l'amènent à revisiter la statue de la liberté. Une œuvre provocatrice : “Ce n'est pourtant pas vraiment mon truc, la provoc”, confie-t-il. Mais cette statue qui porte un masque à gaz, et dont le bras tendu n'est qu'un vulgaire pot d'échappement déchu, constitue bel et bien "une critique acerbe du modèle américain”.

    Dans la Chapelle Saint-Joseph qui accueille pour la première fois des œuvres d'artistes, les sculptures de Thomas Richard sont installées au niveau de l'autel. Un espace adapté pour exposer un personnage en croix, qui, comme les autres œuvres, n'a pas été baptisé. “Mes mots sont réducteurs par rapport à mon travail. C'est pourquoi je ne donne pas de titres à mes sculptures. Je veux laisser les gens libres d'interpréter ce qu'ils veulent. Je veux répondre à une attente que j'ai moi-même à l'égard de l'art : qu'il me fasse rêver.”

    S'il laisse donc les visiteurs conceptualiser son travail à leur gré, l'artiste saumurois entend bien se nourrir de ces "regards". Les expositions sont faites pour cela : "J'aime pouvoir connaître les avis de ceux qui découvrent mon travail. Je m'en nourris. Car on ne peut pas être artiste tout seul dans son coin. Ce serait trop facile.”

    Cela dit, l'homme n'est pas seulement sculpteur. Quand il ne laisse pas son imagination (et son poste de soudure) voguer au gré de ces histoires que lui racontent les matériaux, il enseigne la biologie. Une autre histoire de matières...


    C,JANIN. La Nouvelle République, Jeudi 25 janvier 2001, p.6.


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  • RENCONTRE

    Scorfa, magicien de la récupération


    Comme il travaille essentiellement à partir de matériaux de récupération, le sculpteur Saumurois Scorfa a choisi d'exposer dans la vitrine d'un magasin de pièces détachées.


    LES Saumurois habitués de la rue d'Orléans ont peut-être été surpris en passant ces derniers jours, le long de la vitrine du magasin de pièces détachées et réparations automobiles, Pôle position. D'étranges âmes de pierres ou de métal hantent ce lieu utilitaire par excellence. Le sculpteur Scorfa, dont on a pu découvrir les ?uvres au musée du moteur, a investi ce lieu pour une durée indéterminée. Mais ce choix est quant à lui bien défini : “Je viens d'avoir 33 ans, un âge mythique qui m'a poussé à créer quelque chose. J'aime l'idée de travailler en vitrine, car on peut ainsi toucher tout le monde, au contraire d'une galerie.”

    Sur les pièces détachées, Scorfa en connaît un rayon. Il passe son temps dans les décharges ou les casses automobiles ; l'une de ses sculptures exposées a ainsi été réalisée partir d'un disque de tracteur et d'un pot d'échappement. “J'aime le matériel qui a déjà une histoire ; je ne veux pas donner de leçon sur le recyclage, même si j'y crois beaucoup, mais plutôt dire qu'il n'existe de création qu'à partir de quelque chose déjà existant”, souligne Scorfa.


    Le matériau dicte la création

    Cet artiste, qui se définit comme “trop moderne pour le grand public et trop classique pour les connaisseurs”, dans le, sens où il ne donne ni dans l'avant-garde. ni dans la performance, ne se veut surtout pas moraliste. Il préfère semer des points d'interrogation, dans les esprits plutôt que de tenter d'y répondre pour les autres. Thomas Richard de son vrai nom, Scorfa recherche avant tout à “jouir de l'histoire d'un objet”. C'est ainsi qu'est né un personnage inquiétant et fantasmagorique, entièrement réalisé à partir des vieilleries retrouvées dans une vieille écurie adjacente à la maison où il vient de s'installer à Saumur.

    On y retrouve une partie en papier mâché, matériau soigneusement choisi parmi d'anciennes coupures de presse relatant des faits-divers particulièrement sordides. Mais l'?uvre de Scorfa n'est pas entièrement noircie par les écarts de notre société. Il travaille également la lumineuse pierre de tuffeau : “Je laisse le matériau me dicter ce que je vais créer. Il m'arrive parfois de réaliser des croquis, notamment pour les sculptures soudées Mais je préfère saisir l'opportunité sur le moment.”

    Professeur de biologie à Saint-Louis, le sculpteur a en projet de travailler avec des comédiens pour monter des décors. Ou encore de faire naître des sculptures qui parlent, en collaboration avec des gens de lettres : “Le texte permet de faire parler la sculpture et celle-ci de mettre en volume un texte par essence plat.” Mais Scorfa projette avant tout de laisser faire le hasard des rencontres et des opportunités. Un brin provocatrices, les ?uvres qui s'affichent en vitrine rue d'Orléans attendent les réactions des Saumurois. Et comme l'artiste ne veut pas les enfermer dans des concepts, chacun pourra y entrevoir ce qu'il désire.


    Béatrice BOSSARD. La Nouvelle République, samedi 21 octobre 2000


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